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Près de trois années pour publier ce petit chef-d'oeuvre d'un musicien qui devrait compter parmi les meilleurs spécialistes européens : c'est trop ! Phil Abraham, 38 ans, a réussi l'immersion totale dans un jazz plus vrai que nature. Son langage n'est pas un emprunt; il "parle" jazz sans accent, il suffit de l'écouter chanter en scat ("Pick Yourself Up") pour s'en convaincre.
Ah ! Dieu bénisse les musiciens ! Le pays, sous la grisaille, peine à panser les plaies d'un "millenium" apocalyptique et voilà que nous arrive un doux alizé. Une caresse sonore, sous forme de comptines. Le nouveau-né du tromboniste et "scatman" Phil Abraham !
Après trois CD gravés en quartet ("At the Sugar Village" avec Ron Van Rossum, "Stapler" et "En public" avec Michel Herr), on attendait avec impatience un album qui rende justice à la passion de Phil Abraham pour le scat.
Trombone beau parleur, guitare malicieuse et contrebasse matelassée : fondements d'une musique qui puise sa vitalité dans un swing aérien, vif et coloré, loin de toute considération stylistique rigoureuse et péroraison. Plaisir d'un moment, partagé autour de classiques revisités (Saint Thomas, Pick Yourself Up, Here's That Rainy Day ...) et quelques originaux du tromboniste belge, qu'on retrouve aux côtés d'un ancien collègue de pupitre, Frédéric Favarel (tous deux sont passés par les rangs de l'ONJ).
Du bonheur à l'état brut. Voilà bien ce que proposaient Phil Abraham et son trio pour ce concert de lundi. Le tromboniste belge possède en lui toutes les cartes maîtresses de la séduction et pour mieux convaincre, il a choisi comme partenaires deux autres charmeurs conquérants, le contrebassiste néerlandais Hein Van de Geyn et le jeune guitariste acoustique Frédéric Favarel.